À Saint-Pal-en-Chalencon, les murs du château ont plusieurs siècles d’histoire à raconter. Comme presbytère, franchement, il y a pire… Et, ce n’est pas le père François Lefort qui viendra s’en plaindre. Sur la table campagnarde, tout en longueur dans le séjour, la dernière édition de La Tribune - Le Progrès est légèrement froissée. « C’est vous qui avez écrit le papier sur le procès d’assises ? », interroge-t-il. Ça tombe bien, c’est justement de justice dont le prêtre et médecin veut parler. Et plus particulièrement d’une condamnation qu’il traîne derrière lui comme un boulet. « Mon devoir est que mon innocence soit reconnue », martèle le septuagénaire. Une seconde demande de révision de son procès vient d’être déposée.
Un curé baroudeur
Mais avant d’y venir, les présentations s’imposent. François Lefort des Ylouses a débuté dans l’humanitaire dans les années 1960 en s’investissant dans les bidonvilles de Nanterre. Il enseigne ensuite dans un quartier populaire d’Alger dans les années 1970 avant d’être ordonné prêtre à 30 ans. « Mais, ce n’est pas un métier », confie-t-il. Diplômé de médecine en 1982, le voilà intégré dans le cabinet de François Autain, alors secrétaire d’État aux Travailleurs immigrés sous le gouvernement Mauroy II.
"Écouré, j'ai décidé de tourner la page et suis parti dans le Sahara"
L’équipe suivante, dirigée par Georgina Dufoix, lui rajoute le dossier de la toxicomanie.
Après avoir donné sa démission en 1985 « parce que le gouvernement ne tenait pas ses promesses en matière de relogement », François Lefort s’engage dans la lutte contre la pédophilie.
« Écœuré par tout ce que je venais de découvrir, ayant reçu des menaces de morts, j’ai décidé de tourner la page et suis parti dans le Sahara ». C’est là que commence son travail au sein de différentes ONG (organisations non-gouvernementales) : en Mauritanie d’abord, puis sur tous les continents.
Le tour du monde s’achève entre deux missions en décembre 1995, lorsque la police débarque dans son logement parisien. Le motif : quatre adolescents Sénégalais, dont un de moins de 15 ans, tous pensionnaires du foyer de Rufisque (Sénégal), l’accusent de viols et deux autres de tentatives de corruption.
Le 24 juin 2005, la cour d’assises de Nanterre (Hauts-de-Seine) le condamne à huit ans de prison.
François Lefort a purgé sa peine, il a bénéficié de remises qui lui ont permis de sortir en mars 2009.
Depuis le début, il clame son innocence. C’est toujours son combat.
Photo et article Christophe Bouyer pour le journal Le Progrès
Paru le 07/06/2016
Afred Francillon
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